« Fais chacun de tes actes comme si c’était le dernier de ta vie » Marc Aurèle

"Seuls, nous ne serions rien et notre liberté ne vaut paradoxalement que par la responsabilité qui nous lie aux autres. Comment faire pour que ce lien ne soit pas aliénation mais coresponsabilité ? De Sartre à Lanza del Vasto, ou à Simone Weil, tous les « engagés » se sont posés la question. La réponse intime de chacun peut nous en dire long sur notre degré d’évolution."

 

On engage un nouveau collaborateur, une voisine à venir prendre le thé, une conversation… le verbe engager s’emploie couramment, cependant il prend tout son poids dans sa forme pronominale car s’engager n’est rien de moins que « se mettre en cage ».

 

On s’engage dans le mariage, l’armée, la résistance, un parti politique, un syndicat, dans les ordres, une association humanitaire, caritative, à moins que l’on ne s’engage dans une impasse, ce qui n’est pas forcément contradictoire !

 

Bref, se mettre soi-même en gage mérite que l’on y réfléchisse à deux fois en mesurant ce l’on est réellement prêt à engager, en connaissance de cause : du temps, de l’argent, de la passion, un peu, beaucoup, sa réputation, son honneur, quelques années de sa vie, ou sa vite toute entière… si tant est que l’on n’engage que soi-même… Tout dépend des motivations !

 

Se mettre en gage peut aller jusqu’au suicide public ou à la grève de la faim qui met le corps en cause, otage symbolique du corps social. C’est l’acte ultime pour ne pas sombrer dans l’immobilisme, manifester sa volonté d’exister, jusqu’à en mourir mais surtout d’acculer les pouvoir publics à prendre rapidement des décisions au risque d’être accusés de « non assistance à personne en danger ».

 

On s’engage aussi en « exposant sa personne », individuellement ou collectivement.

 

Le genre humain a une histoire et un destin collectifs dont aucune individualité ne peut être retranchée. On s’engage parce qu’on est soi-même concerné, aussi par sympathie (du grec « souffrir avec »), ou par compassion (même chose en latin), on s’engage ensemble pour lutter contre l’isolement, pour se rassembler autour de centres d’intérêt communs.

 

 

Et mon en-gagement ?

 

Tout à coup, je me suis sentie somnolente, j'éprouve comme un affaissement ce soir. L’engagement dans notre grand projet novateur de formation à distance m’apparaissait jusqu’alors comme une évidence et un énorme challenge pour les mois à venir. Depuis une année, le terme « engagement professionnel » a pris tout son sens pour moi, tout en hypothéquant une bonne partie de mon énergie physique et mentale, il m’a obligé à surpasser mes angoisses et à croire tant bien que mal à mes compétences.

Mais la décision que nous avons été contraints, ce soir, « d’abandon temporaire » de ce défi et son report dans le temps me plonge dans un mutisme total… Je me sens comme amputée.

 

Les idées, l’enthousiasme, la motivation, la foi étaient, sans conteste, nos alliers, mais nous traînions derrière nous un problème de discrimination féminine contre lequel je ne voulais pas me battre jusqu'alors, puisque je le niait purement et simplement. Il est de bon temps, ces temps-ci d'aborder vaguement l'aspect discrimination, mais je me rends compte qu'il n'est pas véritablement mis en application dans la réalité.

 

Il aura manqué également le temps, la confiance de nos autorités, les appuis politiques et la reconnaissance et la mise en évidence des acquis obtenus lors de notre année de formation universitaire.

 

Une déception, mais pas un coup d'arrêt ... nous rebondirons !

 

 

 

Répondre à cet article