"Les Technologies de l'Information et de la Communication, panacée pour l'Ecole, sont forcément vertueuses. Une cohorte d'experts en "sciences" de l'éducation fourbissent leurs armes pour valider, coûte que coûte, ce nouvel axiome. Les TIC, entend-on,

  • développent la capacité de raisonner, d'apprendre à apprendre, de créer ;
  • elles peuvent contribuer à améliorer l'acquisition de connaissances ;
  • elles séduisent les élèves pour certaines activités d'apprentissage ; elles facilitent leur concentration ; favorisent l'esprit de recherche ;
  • suscitent la collaboration entre élèves ;
  • informent l'enseignant sur de nouvelles ressources didactiques ; facilitent la planification de son travail ; le rapprochent, bien davantage que dans la classe traditionnelle, de ses élèves ;
  • envisagent de moins en moins le savoir comme un ensemble de connaissances à transmettre et de plus en plus comme un processus et une recherche continus dont les enseignants partagent avec les élèves les difficultés et les résultats ;
  • permettent l'évaluation des apprentissages et le diagnostic de difficultés particulières…"

Un tel concert de louanges et une telle propagande sont-ils suspects ? 

Les discours sur les nouvelles technologies s'appuient en réalité sur l'ignorance du public auquel ils s'adressent. 

Il ne faut pas perdre de vue que le grand ou tout public n'est pas forcément adepte de l'ordinateur et d'internet, loin s'en faut, notamment dans les milieux les plus défavorisés. C'est ce que l'on a récemment désigné du nom de " fracture numérique".

Nombre de parents n'ont jamais touché à un ordinateur et, pour cette raison d'ailleurs, éprouvent à l'égard de La Machine une crainte révérencieuse qui leur fait facilement prendre des vessies pour des lanternes.

Mais qu'en est-il de tous ces enseignants auxquels on a "offert" l'informatisation de leur classe contre leur gré ?

Un certain nombre de questions ont donc été à l'ordre du jour de notre réflexion (à propos justement du cours de formation continue que nous sommes en train d'animer, cf article précédent) :

  • Quelles sont les raisons qui poussent un enseignant à suivre un cours de formation continue à propos des TIC ?
    • Cherche-t-il simplement à prendre connaissance de nouvelles ou différentes pratiques pour diversifier ses cours ?
    • S'attend-il à une partie théorique et est-il prêt, si ce n'est pas à la mettre en pratique, du moins à en prendre conscience et à y réfléchir ?
  • Quelles sont ses dispositions à se mettre en réseau avec d'autres enseignants ?
    • En clair également, faut-il prévoir de scinder les groupes de manière à ce que l'on se retrouve en face de personnes ayant les mêmes types de compétences techniques et les mêmes degrés d'enseignement ?
    • Et dans ce cas-là, n'est-on pas en train de favoriser une certaine fracture et une perte des possilités de rencontres et d'échange de point de vue ?
  • Pourquoi n'utilise-t-il pas la formidable possibilité qui lui est offerte de partager, de questionner et de s'informer dans un portail collaboratif dédié à l'enseignement ?
    • Est-ce que, par cette démarche, et moi sommes-nous trop en avance et ouvre-t-on des champs possibles dont les enseignants ne ressentent pas encore le besoin ?
    • Et si l'on propose l'échange dans les travaux, les projets, les réflexions, l'enseignant a-t-il vraiment toujours cette crainte d'être jugés, critiqués ? ou s'agit-il d'(un) autre-s aspect-s que l'on a pas su encore mettre à jour ?
    • La pédagogie par projets est-elle à ce point un obstacle insurmontable pour le plan d'étude très strict que suivent les enseignement à partir du primaire ?

... un tout petit peu d'amertume dans la voix ...


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