Alors que les hommes accordent la priorité aux cours ciblés sur leur carrière, les femmes suivent plutôt des formations axées sur leur développement personnel. Mais il y a des exceptions... (extraits tirés d'un article du magazine dominical "Femina", du 2 novembre)

  • "Au bénéfice d'un bon niveau d'études, Aurélie, Aude et Claire ont suivi durant une année une formation continue en gestion et management proposée par l'Université de Genève. Une initiative aux retombées positives aussi bien sur le plan personnel que professionnel. D'une manière générale, ce sont souvent les personnes les mieux qualifiées qui se perfectionnent, qu'il s'agisse de rafraîchir leurs connaissances ou d'en acquérir de nouvelles. En revanche, la perspective de retourner sur les bancs d'école ne séduit guère les classes ouvrières, qui privilégient les apprentissages concrets ou «sur le tas». A ces différences entre les divers groupes socioculturels s'ajoutent les attitudes propres à chaque sexe qui ont «un effet amplificateur» :  à compétences égales, les femmes n'envisagent pas forcément la formation continue comme un tremplin pour leur promotion professionnelle...
  • (...) son supplément de formation à l'université représentera «une année de sacrifices» compensée par une ambiance motivante et les bénéfices que la jeune femme dit en avoir retirés. Aude a travaillé d'arrache-pied. Elle est désormais à l'aise avec les outils nécessaires à l'élaboration d'un projet.
  • «Non seulement j'ai acquis des notions indispensables pour gérer mon ONG (qui compte désormais 25 bénévoles, ndlr), mais je suis en plus entrée en contact avec tout un réseau d'étudiants provenant d'horizons très divers. Ça a créé une émulation, je me suis fait des amis et même des collègues. 
  • «Dommage que les femmes se montrent si réticentes lorsqu'il s'agit d'entreprendre ou d'innover ...»

Une promotion ? Non merci...

Moins carriéristes que les hommes, les femmes manquent aussi de confiance en elles. Résultat : elles s'excluent des postes à responsabilités. C'est la conclusion d'une enquête sociologique sur la formation continue des cuisinières et horlogères.

  • Pour les besoins de son enquête, la sociologue a sélectionné deux professions où hommes et femmes sont généralement au bénéfice de la même formation de base, à savoir le fameux CFC. Premier étonnement: à qualifications égales, les ouvrières ne se sentent pas sur un pied d'égalité avec leurs collègues masculins. Ainsi, cette horlogère en possession d'une maîtrise ne s'imagine pas l'utiliser à des fins professionnelles. Moi je voulais ça parce que, en tant que femme, je me sens dévalorisée. Alors je voulais ce papier pour avoir un plus par rapport aux hommes.» Un sentiment d'infériorité pousse donc certaines ouvrières à se former, quitte à den retirer aucun avantage professionnel.
  • «C'est un peu comme si, faute d'être assurée d'une réelle possibilité de progression à long terme dans l'entreprise, il y avait utilisation de la formation d'abord pour son propre développement, pour soi-même, pour sa propre culture générale, commente Laurence Marti. A plusieurs reprises, ces ouvrières insistent sur leur goût de la découverte, sur leur plaisir à apprendre, faisant par là même preuve d'un intérêt approfondi pour leur métier»
  • Dans ces professions valorisant le travail à temps complet, le passage à un temps partiel après le premier enfant apparait comme «une cassure, une déqualification entraînant une exclusion de toute possibilité de formation». Ayant pris conscience de leur difficulté à faire carrière, les femmes se mettent elles-mêmes en retrait. Plus qu'un véritable choix, c'est une sorte de résignation, parfois douloureuse.
  • Largement féminin, le temps partiel tel qu'il est pratiqué aujourd'hui peut avoir des répercussions allant au-delà des baisses de salaire, car trop souvent réservé à des emplois peu qualifiés, sans perspectives de promotion. En revanche, les femmes à plein temps sont légèrement plus nombreuses que les hommes à se perfectionner (41% contre 39%).
  • Autre constat de la sociologue: la plupart des ouvrières envisagent leur carrière «en raccourci». Elles déploient beaucoup d'énergie tant qu'elles n'ont pas fondé de famille, puis se désinvestissent à l'arrivée des enfants. En réalité, la plupart des femmes ont intériorisé ces principes bien avant de devenir mères.
  • A vrai dire, ces remarques valent pas seulement pour horlogères et les cuisinières. L'enquête sur la formation continue menée à grande échelle par l'Office fédéral de la statistique obtient des résultats analogues : les hommes accordent une nette priorité aux cours ciblés sur leur carrière, alors que nombre de femmes suivent des formations sans lien direct avec leur profession, axées sur le développement personnel, la gestion du stress, la culture générale, etc. Il est fréquent qu'elles se forment à leurs frais, en dehors de l'entreprise.

Quand Les femmes se réorientent, ce n'est par ambition mais pour obtenir des horaires plus compatibles avec leur vie de famille !

Rubriques &

Répondre à cet article