Joueb.com
Envie de créer un weblog ?
Soutenez le Secours populaire
ViaBloga
Le nec plus ultra pour créer un site web.
Débarrassez vous de cette publicité : participez ! :O)

Page principale | Archives | Session

Page En Construction Modules Contes Et Devinettes

Ceci est le lieu de discussion pour préparer les modules de cours "devinettes" et "contes"

QUELS CONTES RACONTER ? Christian Montelle

Voici quelques éléments qui expliquent ma critique du site de aufeminin.com consacré au contes
Les versions de Perrault, d’Aulnoy ou Grimm figent les contes dans une forme littéraire écrite, ce qui interdit l’adaptation au public, aux jeunes enfants en particulier.
Les trois auteurs cités ont édité essentiellement des contes d’initiation pour adolescents, qui ne conviennent absolument pas à de très jeunes enfants, même s’ils les ont édulcorés et dépouillés d’une bonne part de leur contenus symboliques.
Les versions populaires sont bien plus intéressantes, car elles se prêtent mieux aux adaptations nécessaires.

Types et versions des contes populaires

Les contes populaires comprennent un noyau narratif qui permet de les classer dans un type et ils se réalisent en d’innombrables versions :

  • selon les pays, les cultures, les époques, en intégrant le substrat naturel et social de leur lieu de contage,
  • selon le conteur qui les raconte et qui les enrichit de sa propre expérience et de sa propre poétique, tout en préservant leur noyau signifiant et leurs contenus symboliques, ou qui adapte la fin de son conte aux représentations de ceux qui l’écoutent.


On trouve les contes sous une forme écrite, mais leur mode d’existence normale est la transmission orale. Écrits, ils sont comme une partition musicale attendant l’instrumentiste qui leur donnera vie et sens. Certains ethnologues ou autres collecteurs accordent une valeur canonique à "leur" version de tel ou tel conte, celle que leur informateur leur a fournie gracieusement. Ils supportent mal qu’un conteur redonne vie à ce texte ou qu’un écrivain le transcrive en lui apportant quelques modifications. Ce sont là des attitudes abusives et indues. Le fait que ce soit le hasard qui les a placés devant tel ou tel conteur devrait les empêcher de prétendre à une telle sacralisation de leur collecte : un autre informateur leur aurait donné un tout autre texte ! De fait, les textes de la tradition orale appartiennent à tous : ils sont le code génétique de la culture populaire et nul n’a le droit de s'en déclarer propriétaire. Chacun peut leur donner vie comme on met un enfant au monde. Leur passage dans le monde de l’écrit n’est qu’un moyen d’en mémoriser une forme fugitive qui attend sa renaissance orale.
On peut tenter un parallèle avec le monde de la musique : presque toute la musique classique est issue d’airs de danses traditionnelles ; qui reprocherait à Mozart de transformer une gavotte ou une allemande ? La transcription écrite d’un conte est une partition et chaque conteur la chante à sa façon, tout en restant respectueux de l’air et de l’esprit qui la fondent.

De tout temps et dans toutes les civilisations, les contes ont servi à fonder et éduquer les hommes. Cela se faisait graduellement et chaque type de récit avait une fonction dont tout conteur, même analphabète, avait parfaitement conscience. On peut présenter cette progression, cet accompagnement tout au long de la vie et donner ainsi quelques critères de choix.

Critères de choix

0-5 ans :
Enfantines
Randonnées simples, en cercle éternel ou toboggan (les randonnées sont un outil pédagogique extraordinaire en maternelle),
Contes d’animaux
Contes merveilleux contenant des randonnées et où l’enfant héros revient à la maison familiale à la fin de l’histoire.
Pas plus de trois mots inconnus de l’enfant dans le conte choisi ; formes syntaxiques simples avec changement opéré d’abord sur le substantif, puis sur le verbe.

  • Schéma corporel, habillement, entourage familial.
  • Animaux domestiques : chat, chien, souris, ; animaux sauvages connus : ours, renard, escargot, écureuil…
  • Tâches quotidiennes.
  • Humour basé sur l’ ‘’absurde’’ ou la ‘’scatologie’’.
  • Entourage féminin avec prééminence des aïeuls : grand-père et surtout grand-mère.
  • Les animaux parlent et sont compris comme des hommes.

5-9 ans :
Toutes les structures derandonnées.
Contes d’animaux.
Contes facétieux présentant des bêtises d’enfants.
Contes merveilleux où le héros revient à la maison après avoir combattu victorieusement l’ogre ou la sorcière
Contes étiologiques
Formes syntaxiques plus complexes : adjectifs, comparaisons.

  • Cercle familial élargi : prééminence de la mère, présence des frères et sœurs, animaux inconnus et élargissement de l’environnement, connaissance des pays étrangers. Fratrie unie.
  • Humour basé sur l’aberration de certains comportements et sur la scatologie.
  • Les contes étiologiques marquent la différence entre les hommes et les animaux.
  • Les animaux qui viennent en aide au héros sont perçus comme ne faisant pas partie de l’humanité.

9-12 ans :
Toutes les structures de contes peuvent être abordées.
Approche de la métaphore et du langage poétique.

  • Passages où le héros doit faire preuve de son observation et de ses connaissances pratiques pour se sortir d’affaire.
  • Humour basé sur l’énorme.
  • Rivalités entre frères et sœurs.
  • Père mandateur et mère adversaire ou morte.
  • Création d’un nouveau foyer.

plus de 12 ans :
Contes merveilleux complexes à tiroir et enchâssements.
Contes philosophiquessimples
Contes érotiquesabordant l’amour dans sa globalité et initiant à des comportements courtois.
Contes fantastiquessituant la monstruosité dans le domaine du fantasme : grâce à la mise en récit, distanciation par rapport aux problèmes de l’adolescence

  • Découverte de l’amour et d’un partenaire. Recherche et construction de l’identité.
  • Famille plus éloignée, focalisation sur le couple et les aventures parallèles, découverte du métier, insertion dans la société des adultes.
  • L’humour porte sur l’anormal et la sexualité.
  • Contes philosophiques apportant un matériau de réflexion sur les grands problèmes de la vie : justice, pouvoir, éducation, recherche de la connaissance…
  • Curiosité face aux symboles : donner du sens à la vie.

Structure des contes

J’ai fait plusieurs fois partie de jurys chargés de juger des mémoires professionnels d’étudiants postulant à un poste d’enseignant. Chaque fois que le sujet en était le conte, l’impétrant mettait au centre de son travail l’étude, avec les enfants, de lastructure du conte merveilleux de quête de Vladimir Propp, l’écriture de contes et des travaux divers à partir du conte. Il était rare qu’ils racontent ; ils lisaient, plutôt, et il n’était pas courant qu’ils envisagent de placer leurs élèves en position de conteurs, alors même que la raison d’être du conte est justement d’être raconté. Ils choisissaient presque toujours des contes merveilleux d’initiation, en version de Perrault ou de Grimm, pratiquement jamais en version populaire. Les autres récits et textes de la tradition orale étaient absents, à l’exception des versions chantées des contes de randonnées. C’est là une succession de lacunes et d’erreurs qui dépouillent ces récits de la plus grande part de leur valeur pédagogique.

Il est regrettable de présenter une structure unique de contes car cela réduit considérablement les perspectives narratives des enfants (en lecture comme en écriture). Vladimir Propp a bien précisé, dans sa préface qu’il portait son étude sur cent contes merveilleux d’initiation. Édith Montelle a dégagé de nombreuses autres structures concernant les contes de randonnées dans son ouvrage Paroles conteuses.Les récits oraux de la tradition présentent un très grand nombre de structures narratives qui permettent d’acquérir une connaissance intuitive de l’organisation des récits, connaissance qui pourra être précisée peu à peu, lors des cours de grammaire. On ne peut faire l’économie de cette imprégnation, puis de cette présentation théorique. Dire aux enfants d’écrire un conte s’ils n’en ont pas une pratique, ni même une connaissance intuitive est totalement absurde. Ils reproduisent des histoires niaises vues à la télévision, dans des films ou trouvées dans la sous-littérature qui fait ses choux gras de l’horrible ; ils accumulent sorcières, araignées, chauves-souris, squelettes, dans un bric-à-brac grotesque.

Références numériques

Devinettes